
Les Titans Déchus de la Finance : Brian Hunter
Brian Hunter, le trader du gaz naturel, a causé 6,6 milliards $ de pertes. Un pari de trop qui a fait tomber le hedge fund Amaranth en 2006.
En 2006, Amaranth Advisors, un hedge fund alors peu connu du grand public, s'effondre en quelques jours, perdant plus de 6,6 milliards de dollars. À l’origine de cette débâcle ? Un seul homme : Brian Hunter, un jeune et talentueux trader spécialisé dans les marchés de l’énergie.
Ce cas spectaculaire dépasse les simples pertes financières. Il révèle comment la spéculation démesurée sur des marchés volatils, combinée à un manque de contrôle interne, peut conduire à la chute d’un fonds entier — et agiter tout le secteur énergétique mondial.
👤 Qui est Brian Hunter ?
Brian Hunter est né au Canada et fait ses études à l’Université de l’Alberta, en mathématiques. Il débute comme analyste quantitatif chez TransCanada, avant de rejoindre le monde du trading de matières premières.
Il est ensuite recruté par Amaranth Advisors, un hedge fund basé à Greenwich, Connecticut. Hunter y développe rapidement une réputation de génie des marchés du gaz naturel, affichant des performances spectaculaires au point de devenir le n°2 du fonds à seulement 32 ans.
⚡ Le pari risqué sur le gaz naturel
En 2005 et 2006, Hunter mise sur une stratégie de spreads sur le gaz naturel : il parie sur l’évolution relative des prix entre différents mois de livraison.
📈 En clair : il pensait que les prix du gaz en hiver allaient monter bien plus que ceux de l'été.
💼 Il engage alors des milliards de dollars sur des contrats à terme (futures) sur le NYMEX et l'ICE.
Pendant un temps, cela fonctionne. Les profits sont impressionnants, Amaranth engrange des rendements exceptionnels, et Brian Hunter est considéré comme un prodige, gagnant des bonus à huit chiffres.
💥 La chute brutale
Mais en septembre 2006, tout bascule. Les prix du gaz naturel s’effondrent, et les positions de Hunter — massives et concentrées — ne peuvent plus être défendues.
En quelques jours, Amaranth perd plus de 65 % de ses actifs, soit environ 6,6 milliards de dollars.
L’effet est si violent que certains comparent l’événement à la chute de Long-Term Capital Management (LTCM) en 1998. Le fonds est démantelé, ses actifs vendus dans l’urgence, et Hunter est tenu personnellement responsable de l’effondrement.
🚨 Enquête et sanctions
L’affaire attire l’attention de la FERC (Federal Energy Regulatory Commission) et de la CFTC, les régulateurs du marché américain de l’énergie.
Ils accusent Brian Hunter d’avoir manipulé les prix du gaz naturel en 2006. Après plusieurs années de batailles judiciaires :
En 2011, la CFTC impose une amende de 30 millions de dollars à Hunter.
Il est interdit de toute activité de trading dans les marchés réglementés américains.
🧠 Leçons et répercussions
Le cas Brian Hunter a marqué l’histoire pour plusieurs raisons :
🔁 Un effet de levier incontrôlé : Amaranth utilisait des produits dérivés complexes avec des expositions massives.
❌ Aucune diversification réelle : plus de 50 % des actifs étaient concentrés dans les paris de Hunter.
🧱 Des failles dans la gouvernance : la direction du hedge fund laissait carte blanche à un seul homme.
⚖️ Une régulation insuffisante des marchés énergétiques, que la FERC a tenté de réformer après le scandale.
🎬 Que devient Brian Hunter ?
Depuis l’affaire Amaranth, Brian Hunter a disparu des radars financiers. Il a tenté de lancer un nouveau hedge fund (Solengo Capital), mais a dû y renoncer après la pression des régulateurs.
Aujourd’hui, il reste une figure aussi fascinante que controversée du monde du trading : symbole de l’excès, de la spéculation, mais aussi du génie mal canalisé.
📌 Conclusion
L’histoire de Brian Hunter n’est pas seulement celle d’un trader audacieux qui a perdu tout contrôle. C’est une leçon majeure sur les dangers du manque de discipline, de transparence et de contrôle dans le monde du trading. En pariant sur l’hiver, il a provoqué l’une des plus grandes tempêtes financières du secteur de l’énergie.